Aimer plusieurs hommes

Livre de Françoise Simpère. – Edition La Martinière et Pocket

“Il n’est jamais trop tard pour aimer plusieurs hommes !” C’est ce qu’affirme Françoise Simpere dans le livre qui porte ce titre. Cette auteur à succès iconoclaste défend “l’amour pluriel”. Mariée et mère de deux enfants, elle revendique ses autres amours comme faisant partie intégrante de sa vie. Elle ne condamne pas la monogamie, mais revendique le droit à d’autres modèles, centré sur la liberté et le respect de l’autre… et des autres.

Doctissimo : Vous parlez de fidélité plurielle, pouvez-vous nous en dire plus ?

Amours pluriellesFrançoise Simpere : Pour moi, l’amour ce n’est pas posséder, c’est être attentif à l’autre, et désirer son bonheur avant tout. Je ne demande pas l’exclusivité. Il me semble naturel qu’un homme que j’aime soit heureux avec moi – heureusement – mais aussi avec d’autres. Selon moi, le couple se forme autour d’un projet, une famille par exemple, mais il ne peut pas combler tous les désirs et tous les intérêts d’une vie.

Les sociétés occidentales prônent un seul modèle, celui de la monogamie, alors qu’aujourd’hui un couple sur trois divorce ou se sépare. Et je ne parle pas des couples qui restent ensembles et qui s’ennuient l’un avec l’autre. Le moins que l’on puisse dire c’est que le modèle dominant ne convient pas à tout le monde. D’ailleurs, pourquoi serait-on plus heureux avec un seul partenaire dans sa vie, plutôt que plusieurs ? Personne n’est capable de donner une réponse à cette question toute simple.

On nous parle sans cesse de la biodiversité indispensable dans la nature, dans les ressources en énergie, de la capacité à changer de travail, et en amour seulement, on voudrait imposer la monoculture, qui dessèche et appauvrit les sols comme les sentiments ! La “biodiversité amoureuse”, c’est quasiment écologique…

Doctissimo : Mais pensez-vous que l’on puisse trouver le bonheur dans la monogamie ?

Françoise Simpere : Tout à fait. Il y a des gens faits pour être heureux à deux toute leur vie. Celui qui a eu un coup de foudre pour quelqu’un, et qui a su construire une relation, et la faire évoluer au cours du temps, cela existe et c’est très bien. Mais c’est un modèle rare. Il y a beaucoup plus de divorces, et encore plus de personnes qui ont des amants ou des maîtresses en cachette. Ceux-ci sont plus attachés au mensonge et à l’hypocrisie, qu’à la fidélité. La devise “on peut tout faire, du moment que cela ne se sait pas” montre que ce n’est pas l’infidélité qui choque, mais la franchise.

On croit souvent être dans un modèle immuable, transmis par la société, mais il est possible de vivre autrement. D’ailleurs, je rencontre de plus en plus de personnes qui cherchent à concilier la solidité de la famille (là où on a des enfants) et l’envie d’amours plurielles. Attention, je ne dis pas que c’est le nouveau modèle, qui doit remplacer la monogamie ! Je crois qu’en matière de relations amoureuses, c’est à chacun de vivre de manière personnelle sa relation, selon le mode qui lui convient, qui peut d’ailleurs changer au fil des années. L’erreur, c’est de vouloir qu’il n’y ait qu’un seul modèle pour tous !

Doctissimo : Vous parlez d’”ami-amant”. Pour vous, il n’y a aucune distinction entre amitié et amour ?

Françoise Simpere : Je ne mets pas d’étiquette sur les gens et les sentiments. Qu’est-ce que cela veut dire, amant ?.J’ai un ami depuis 25 ans, avec lequel j’ai du avoir cinq relations sexuelles. Est-ce que cela en fait un amant ? J’ai une intimité avec les hommes que j’aime, faite essentiellement d’amitié, un sentiment où l’on aime les gens pour ce qu’ils sont, et de désir lorsque cela arrive. C’est une amitié amoureuse, inconditionnelle, à mon sens l’amour le plus absolu. Cela fait des relations beaucoup plus riches et sans arrière-pensées.

Doctissimo : Mais comment cela se passe-t-il au quotidien ?

Françoise Simpere : Mon mari et moi avons toujours eu des relations amoureuses en dehors du couple, certaines depuis de nombreuses années. Lui est plus “couple”, même avec ses compagnes. Moi, je suis plus “exploratrice” : ce qui m’intéresse, c’est de découvrir des hommes et leur univers, dans des relations différentes avec chacun. Notre mode de vie se traduit surtout par plus de liberté et de respect de l’autre.

Par exemple, je suis partie en vacances 15 jours avec un ami de longue date, avec qui j’ai une relation tendre mais pas sexuelle, puis nous avons rejoint mon mari et les enfants. Cela se concevrait moins facilement dans un couple “classique”. Récemment, on a demandé à ma fille ce qu’elle pensait des relations de ses parents. Elle a répondu que notre vie sentimentale nous appartenait, mais qu’en tant que parents, nous avions toujours été présents lorsqu’elle en avait besoin. Elle a ajouté qu’elle ne savait pas du tout quel genre de couple elle vivrait plus tard, que cela dépendrait des hommes qu’elle rencontrerait, et de sa propre évolution. Je l’ai trouvée très mature, elle a tout compris !

Doctissimo : Pourtant, vivre en couple, cela nécessite une certaine forme d’engagement non ?

Françoise Simpere : Il ne s’agit pas de nier l’engagement, surtout lorsqu’il y a des enfants, mais de conserver son autonomie. Par exemple, conserver chacun un territoire personnel, des jardins secrets. Cela peut passer par des amours plurielles, mais aussi des activités différentes, des amis à soi, des moments de solitude dont on a besoin, etc. L’engagement en amour, c’est avant tout être attentif à l’autre, présent dans les moments difficiles, et se réjouir de son bonheur..

Cette forme de vie sentimentale est-elle facile à vivre dans notre société ?

Françoise Simpere : Non, il est toujours difficile d’être hors norme, mais j’ai appris à me libérer du regard des autres. Le mode de relation que j’ai choisi semble tellement étrange aux gens, qu’ils cherchent une faille, un défaut. D’ailleurs, je ne recommande pas à tout le monde ce mode de vie. Il faut avoir les épaules solides, et posséder une sacrée dose d’humour. Il faut surtout être sûr qu’il correspond à ses vrais désirs, qu’on ne le fait pas pour être à la mode ou faire plaisir à l’autre.

Propos recueillis par Alain Sousa (www.doctissimo.fr )

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